Signature : rendez-vous du prorata de la femme

          « Je pense, donc je suis », affirmait le chantre du doute méthodique. Si l’existence de l’être humain repose sur sa capacité à penser, celle de la femme, en tant que dimension complémentaire de l'être homme, trouve tout son sens dans son agir. Ainsi, la femme ne se limite pas au « je pense », mais s’inscrit avant tout dans le « j’agis, donc j’existe ». L’action ou le faire de la femme s’apparente à une signature, qui constitue une marque d’identification.

          En fait, au fil des décennies, la femme a consacré un temps considérable à revendiquer ce qui lui a jusqu’à présent été quasi refusé. Cette revendication s’inscrit pleinement dans l’acte de pensée décrit par Descartes. Cette revendication de la femme consiste à affirmer au monde ce qu’elle est véritablement, aspirant ainsi à la reconnaissance extérieure ou de l’homme. Alors que celui-ci sur elle, met mille et un stéréotypes. 

La liberté peut-elle être demandée ? Non ; elle s’arrache.

            On ne saurait quémander sa liberté ou son indépendance auprès de son propre oppresseur : il est opportun de les conquérir par la force.

         C’est dans cette optique que l’exposition « Signature » organisée à l'espace Bakeli du 22 au 26 mars 2025, a mis en lumière la femme-artiste, lui ôtant toute tentative de sombrer dans un conflit intérieur opposant cœur et âme, émotion et raison. Parmi toutes les définitions qui émaillent les pages du dictionnaire, cette exposition a conféré une dimension nouvelle et amplifiée au concept même de signature. Celle-ci devient alors un engagement envers soi-même. La femme artiste n’est plus sujette à l’hésitation ni à une quête excessive de reconnaissance ; elle s’affirme pleinement comme créatrice, co-créatrice aux côtés de l’Être Absolu, premier artiste.

    Dans le cadre du mois dédié à la célébration des droits des femmes, cette dernière prend une ampleur significative grâce au sens que lui confère l’exposition. Cette commémoration dépasse désormais la simple mémoire du combat pour des droits souvent peu reconnus par la société ; elle incarne l’expression d’un droit déjà acquis par le biais de l’action.

Résilience 
De Ange Kambayi

      L’exposition « Signature » représente ainsi l’expression vivante de l’émancipation féminine dans un domaine artistique où domine fréquemment la gent masculine. À travers leurs œuvres et productions, les femmes affirment leur existence et se reconnaissent comme des êtres humains dotés d’une dignité égale à celle des hommes, bénéficiant des mêmes droits et devoirs. Elles n’ont nul besoin d’attendre une reconnaissance extérieure ou de l’ailleurs puisqu’elles se reconnaissent déjà dans l’ici.

           Au-delà du fait que cette exposition donne place aux femmes issues du monde entier, il ressort clairement que c’est bien la femme Congolaise qui est mise à l’honneur ; d’où le choix d’artistes Congolaises dont la majorité sont étudiantes de l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa. Ces étudiantes ont su dépasser leur formation académique pour mettre en valeur leur talent propre — première marque de leur signature.

Les exposantes 

             De nombreuses thématiques riches en signification ont été abordées par TSHIAPOTA, Dorcas POBA, KALUNGA SABITY, Priscille VUVU, Berveline BAVEDILA, Precilya KASHALE, Joellie MBUDI NSIALA, Priscile PANZU, Déborah NGIESI et Ange KAMBAYI pour qui Signature traduit une auto-affirmation sociale en tant qu’artiste authentique et non imposteur. Dans sa démarche, elle prête voix à la fragilité comme moyen permettant à la l’être humain de s’ouvrir pleinement à la vie. Il s’agit d’un appel à l’être humain, singulièrement à la femme de composer avec sa fragilité afin d’y faire naître la vie, sa propre reconnaissance.

Le mérite 
Ange Kambayi

Komiyeba de Ange Kambayi 

             C’est là tout le sens que nous pouvons attribuer à la pensée formulée par Steve Martin : « soyez si bon que l'on ne pourra plus vous ignorer ». C’est à travers l’agir de la femme, sa propre reconnaissance que le monde ne peut se passer d’elle.


IKAMI KIWU Jonathan

Écrivain et Critique d'art

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